La rentrée au CP en Allemagne : un grand événement
En Allemagne, la rentrée au CP est un moment marquant pour les enfants. Le temps d’insouciance passé au jardin d’enfants prend fin et commence alors la longue période de la scolarité.
Avant de vous partager le contexte historique de cette tradition, j’aimerais revenir sur ma propre cérémonie de rentrée.
Habillée avec soin, je fus accompagnée par mes parents le samedi précédant la rentrée officielle. Pendant environ une heure, nous fîmes la connaissance de nos maîtresses, qui nous montrèrent l’école et nous expliquèrent le déroulement des premières semaines.
Ensuite, mes parents m’attendirent dans la cour de récréation pour me remettre mon cornet scolaire, que j’ouvris plus tard à la maison.
Dans l’après-midi, mes grands-parents et de la famille éloignée nous rejoignirent pour fêter ensemble cet événement. Et j’eus beaucoup de chance : ce jour-là, je reçus deux grands cornets scolaires, l'un de la part de mes parents et le deuxième de mes grands-parents, puis deux cornets plus petits par les autres invités.
Origines et diffusion
La tradition de la Schultüte – le « cornet scolaire » – remonte à la fin du XVIIIᵉ siècle, avec des premières traces en Saxe et en Thuringe (1781 à Gersdorf, 1817 à Iéna, 1820 à Dresde).
On racontait alors qu’un « arbre à Schultüten » poussait dans la maison du maître d’école : lorsque les cornets étaient assez gros, les enfants pouvaient entrer à l’école. À l’origine, la rentrée scolaire avait lieu à Pâques, d’où le terme Ostertüte.
Le rituel s’est d’abord répandu en Allemagne centrale avant de gagner l’ensemble du pays au début du XXᵉ siècle, sous différents noms (Zuckertüte ou Schultüte), puis certaines régions d’Autriche, de Tchéquie et de Pologne.
Contenu et symbolique
La Schultüte, généralement en carton et de forme conique ou hexagonale, a pour but d’adoucir le passage vers le « sérieux de la vie » scolaire.
Autrefois, ce sont souvent les parrains qui préparaient ce cornet ; plus tard, cette tâche a été reprise par les parents.
Traditionnellement remplie de friandises, la Schultüte contient aujourd’hui aussi des fournitures scolaires, des petits jouets, des livres, des objets personnels ou encore de l’argent. Elle combine donc plaisir, encouragement et utilité.
Évolutions et variantes
- Formes et tailles :
- En ex-RDA : plutôt hexagonales et grandes (85 cm).
- En RFA : plutôt rondes et plus petites (70 cm). - Esthétique : les motifs et décorations reflètent les goûts et tendances de chaque époque (héros de dessins animés, thèmes personnalisés, etc.).
- Fabrication : si de nombreuses Schultüten sont industrielles (la plus ancienne fabrique, Nestler, fondée en 1894 en Saxe, produit encore aujourd’hui plus de deux millions de cornets par an), il est également courant de les confectionner soi-même.
Célébrations régionales
La manière de célébrer l’entrée à l’école varie selon les régions :
Dans les nouveaux Länder (ex-RDA), la cérémonie est un véritable événement familial, comparable à un « petit mariage », avec parfois plusieurs Zuckertüten offertes par les proches et amis.
Dans les anciens Länder (ex-RFA), le geste est plus discret : un seul cornet est remis à l’enfant, souvent sans grande fête.
Hypothèses et récits
De nombreux écrivains, comme Erich Kästner, ont évoqué leurs souvenirs liés à la Schultüte, preuve de son importance affective et culturelle.
En résumé : La Schultüte, ou « cornet scolaire », est une tradition allemande née à la fin du XVIIIᵉ siècle en Saxe et en Thuringe. D’abord remplie de friandises, puis aussi de fournitures et de petits cadeaux, elle est devenue un rituel incontournable du premier jour d’école. Toujours très populaire, elle se décline aujourd’hui sous différentes formes et garde sa mission première : rendre l’entrée à l’école plus douce et festive.
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